Mélancolie Éphémère | "La mélancolie c'est le bonheur d'être triste."

Ce que je vais vous conter s’est déroulé durant l’apprentissage de Nuage Mélancolique. Avant, il n’y aurait que très peu de choses à dire. Du moins, ça serait du baratin habituel : « Petite Mélancolie, avec ses deux frères, parcouraient la pouponnière, embêtant leur mère qui ne cessait de leur faire des remontrances. Ils ont vécu une enfance heureuse, tout en faisant un tas de bêtises. » Je trouve inutile de raconter ce genre de choses. Car ce qu’elle a vécu après a changé sa vie, littéralement. Car il faut dire que l’amour peut nous faire faire des choses vraiment bêtes, voire dangereuses. Et surtout lorsqu’on est jeune et influençable.
Avant tout, Nuage Mélancolique était une louve vraiment adorable, prête à tout pour n’importe qui, qu’il soit de sa meute ou non. Elle voulait se rendre utile en aidant, car elle trouvait que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Elle était gentille avec tout le monde, et serviable, vraiment trop. Cette serviabilité est devenue une faiblesse au regard des autres. Mais, en étant petit, nos parents nous apprennent à être comme ça, car c’est « le bon comportement à adopter » comme ils disent.  Comment pouvait-elle deviner qu’ils allaient s’en servir, qu’il allait s’en servir contre elle ? Les loups de son âge étaient nombreux, il y eu donc beaucoup d’apprentis cette année là. Et il y avait lui. Celui qui faisait battre son petit cœur. Mais également celui de toutes les autres louves de son âge, ce qui pouvait agacer profondément Mel. C’était la seule timide. Et il a abusé de ça.
Pour son plus grand bonheur, Mel et l’être tant convoité firent un entrainement ensemble. Et après ça, ils se sont mis à bien discuter, à se rapprocher beaucoup. Et une nuit, alors qu’ils discutaient tous les deux dans leur coin, il lui dit : « Si tu veux être avec moi, il va falloir que tu réalises plusieurs défis. » Et elle, aveuglée par l’amour qu’elle lui portait, et bien trop heureuse qu’il lui dise cela, elle accepta. Nuage Mélancolique se retrouva à faire tout un tas de choses contraires à ses valeurs, et une nuit, alors qu’elle avait pour défie de sortir du camp en douce et de ne revenir que le lendemain, elle failli perdre la vie. Une jeune louve, sans trop de puissance et de carrure, parcourant seule les Terres du Feu, et un animal sauvage qu’elle ne saurait jamais décrire qui manqua de lui ôter la vie. La pauvre, elle se débattit comme elle pu, elle essaya de mettre en œuvre le peu qu’elle avait appris en entraînement, mais l’animal était bien trop gros et bien trop fort. Heureusement, dans un moment d’inattention, elle réussit à échapper à ses griffes, et, puisant dans ses dernières forces, elle s’en retourna au camp, couverte de sang, et terrorisée.
Après ça, elle passa trois semaines dans la tanière du guérisseur, entre la vie et la mort. Et jamais il ne vint la voir, lui demander si elle allait bien ou lui présenter des excuses. Jamais. Et c’est alors qu’elle comprit qu’il s’était payé sa tête, lui et ses amis. Ils s’étaient moqués d’elle, et à cause d’eux, elle avait faillir mourir. Ils allaient le payer cher, très cher. Car elle s’était fait la promesse de s’entraîner, jour et nuit, afin de devenir bien plus forte en combat. Ne serait-ce que pour se défendre contre d’éventuels animaux sauvages, ou même contre ses propres camarades. Ceux qui avaient failli bousiller sa vie. Alors, une fois sortie de la tanière du guérisseur, elle ne leur adressa plus la parole, et commença ce qu’elle s’était promis. Après quatre mois d’entraînement intensif, elle leur tint tête, elle lui tint tête. Et, avec un sourire sarcastique, elle le provoqua en duel. Il accepta. Et l’horreur débuta.
Nuage Mélancolique avait beau eu le dénoncer, il ne s’était pris qu’une petite sentence. Nettoyer toutes les litières durant trois semaines. Trop peu pour elle. Il fallait qu’il paie. Qu’il vive ce qu’elle avait vécu. Celui qui avait brisé son cœur devait connaître le même sort. Le duel se déroula dans un coin reculé du territoire de la Meute du Feu. Tous ceux qui avaient été dans le coup été là, pour assister à ce combat, entre la timide et  le détestable. Il pensait qu’il allait gagner, que ça serait facile, après tout, elle avait toujours été faible. Mais qu’elle ne fut pas sa surprise au premier coup qu’elle lui asséna. Il n’eut pas le temps de réfléchir que sa patte revint le frapper. Elle avait la rage, la tristesse, la haine. Tout ceci constituait sa force. Le combat ne dura pas longtemps. Mais ce n’était pas elle qui arrêta. Elle aurait bien continué. Mais d’autres loups durent l’arrêter. Elle était aveuglée. Trop en colère. Alors, comme elle, pendant trois semaines, il resta entre la vie et la mort. Sauf que lui, ce fut les ténèbres qui l’emportèrent. Il ne revit jamais la lumière du jour.
Tous veillèrent, sauf Nuage Mélancolique. Cette nuit là, sa mélancolie fut de retour. Cet abattement qui vint, doucement, détruisant son âme. Dans son coin, elle pleura celui qu’elle avait tant aimé, celui qu’elle avait tué. Elle ne savait pas si elle devait s’en vouloir ou non. Il lui avait fait beaucoup de mal, mais, est-ce qu’il méritait cela ? Tous les apprentis se méfiaient d’elle désormais. Il fallait dire qu’elle avait beaucoup changé, que ce soit psychologiquement qu’à l’apparence. Elle gardait cette beauté naturelle qu’elle avait toujours eue, mais son attitude brisait tout. Et ça n’était plus la petite louve adorable, loin de là.
La sentence fut importante. Mais Nuage Mélancolique ne voulu pas se laisser faire, c’était fini ce temps là. Elle tint tête à son chef. Malheureusement, ça ne marcha pas, et aggrava la situation. Mais au fond d’elle, elle n’en avait pas grand-chose à faire. Elle se préférait ainsi désormais.
Aujourd’hui, son morale peut vaciller à tout moment. Son humeur est souvent changeante, et il vaut mieux ne pas lui parler lorsqu’elle est en phase d’abattement, au risque de vous faire couper une oreille.